Galerie Deza
CONTEMPORARY ART
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Galerie DEZA
  -  Art   -  INTERVIEW DE L’ARTISTE Annie Laurence MALLERON

– Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir artiste ?

« J’ai grandi avec des artistes, mon père était illustrateur, puis peintre jusqu’à la fin de sa vie. Mais celle qui m’a le plus ouvert sur l’esthétique et le travail manuel c’est plutôt ma
grand-mère. J’ai de l’admiration, tant par le charisme du personnage que par le métier qu’elle a exercé jusqu’à 75 ans. C’est-elle, qui réalisa les costumes pailletés des artistes de son époque, pour Johnny Halliday, Michel Sardou, Sylvie Vartan, Sheila, etc…. C’est en observant son travail que j’ai dû réaliser que l’on pouvait, à partir de plusieurs matériaux, réaliser un objet d’art. Les divers métiers d’une 1ère vie m’ont amenée à penser que quelque chose de plus profond en moi devais être mis au jour. L’esthétique et la recherche de la beauté était une évidence, mais qu’en faire, et comment l’incarner dans ma vie de tous les jours ? Lorsque j’ai rencontré mon mari à 40 ans, la graine de l’art ne demandait qu’à pousser. J’avais un potentiel à explorer. Ma rencontre avec ce peintre, Thierry Devouassoux, n’a fait que pousser la dernière porte qui me manquait pour m’ouvrir et m’encourager vers le monde artistique. Nous vivons pour l’art et à travers l’art. Je vis de mon art depuis 15 ans, mes œuvres voyages à travers le monde, en Amérique, au Japon, en Belgique, en Angleterre, etc. Je ne pense pas que l’on devienne artiste, je crois que c’est inscrit en nous d’une manière intergénérationnelle ; à nous de faire en sorte, ou pas, d’exploiter ce potentiel dans notre incarnation. »

– Quels médiums utilisez-vous ? Avez-vous tenté de pratiquer votre art sur d’autres supports ?

« J’utilise principalement du grès pour mes sculptures, mais aussi des plumes, des tissus précieux, des pierres semi-précieuses, des perles, du bois. Il m’arrive de m’exercer à la peinture, mais celle-ci pour le moment n’a pas un pouvoir créatif en moi comme les 3 dimensions d’une sculpture. »

– Comment définiriez-vous votre univers ?

« Mon univers artistique est coloré, peuplé de contrastes, brillant, mat, lisse, en relief profond ou léger, tout dépend du sujet. Les techniques mixtes m’intéressent, je ne me contente pas de créer une sculpture en Raku, ce qui est déjà un exploit en soit par la complexité de la technique. Je vais plus loin, en y ajoutant d’autres matières, je trouve que ça personnalise l’objet et le rend plus vivant. »

– Avez-vous un lieu dédié à la création ?

« Mon atelier de 25m2 (sans compter les annexes), n’est pas toujours le reflet de moi-même. Je suis quelqu’un d’organisée et maniaque alors qu’il est un peu le contraire. C’est un sas, un endroit ou il fait bon, avec une grande vue sur la nature qui l’entoure mais c’est un lieu uniquement de travail, il sent la persévérance, la méthode, la conception, l’accomplissement, le temps qui passe et la poussière d’argile. »

– Comment se déroule une journée de travail? Avez-vous des habitudes particulières ?

« Une journée de travail est en générale coupée par des allers-retours dans le jardin. Les poses me sont nécessaires pour revenir sur un travail et repréciser un geste, une bosse, une ligne, que je n’avais pas perçue. J’ai besoin de sentir la chlorophylle et les essences des arbres et des plantes. Et puis, lorsque je travaille je suis plutôt statique, concentrée, donc bouger en extérieur est équilibrant et important pour entrer pleinement dans mes créations. »

– Comment naissent vos productions ? Quelles sont vos inspirations ?

« Une idée de création naît en général 1 ou 2 ans avant la réalisation. Ça se traduit par une démarche qui vient d’un coup de cœur, pour un animal, un pays ou une tradition, qui peut-être un fil conducteur au début. Pour la technique, je ne fais pas de croquis, c’est comme un puzzle où j’assemble toute la conception petit à petit. L’œuvre va germer, je vais faire des recherches sur mon idée, sur la forme, les couleurs. C’est à ces conditions, que l’œuvre me ressemble et se concrétise dans ma ligne artistique.Enfin, cette œuvre m’apparaît toujours la nuit dans sa globalité, techniquement et esthétiquement terminée (d’où certainement la nuit porte conseil), tous les morceaux du puzzle s’assemblent, j’entame alors la réalisation. Étonnamment, un autre sujet vient de se terminer, il est temps pour moi de suivre un nouveau projet. »

– Combien de temps vous faut-il pour réaliser une œuvre ? Entre l’idée et la réalisation finale.

« La réalisation se passe en plusieurs étapes, construire l’objet qui peut prendre plusieurs jours, le séchage, la 1ére cuisson du biscuit puis la 2ème cuisson de l’émail et enfin l’ajout d’autres matières. Plus d’un mois peuvent se passer par pièces. »

– Quand est-ce que vous savez que l’œuvre est terminé ?

« Je sais que mon œuvre est terminée lorsque je me mets à la place d’un futur acquéreur, je change mes yeux pour y mettre les siens, je suis assez critique avec moi-même car je suis toujours en recherche du mieux, c’est parfois très dur pour moi. »

– Est-ce que vous vous retrouvez au sein de la scène artistique actuelle ?

« Je suis d’assez loin la scène artistique actuelle car elle ne me convient pas toujours. Quand j’y pense il me semble que c’est pareil pour certains publics. Je pense que de tout temps, l’indépendance de certains artistes les ont quand même fait vivre. Je ne me mets pas de stress par rapport à cela. Ce qui me plais justement, c’est le coup de cœur qu’ont mes galeristes comme les acquéreurs pour mon travail, même si je sors de ce sentier. »

– Quels sont vos hobbies en dehors de votre travail ?

« Je n’ai pas de hobbies spéciaux, je suis passionnée par mon travail de l’argile mais j’aime depuis des années tirer les cartes, pour moi même ou pour la famille (sauf mon mari:)). Ça me permet de sortir de mon chemin de pensées et voir les choses avec un autre regard, Je ne fais jamais dans le catastrophisme, je n’aime pas annoncer des malheurs aux gens et je ne veux pas les guider sur une mauvaise voix, c’est juste pour déclencher une autre réflexion. Mais bon … (C’est un secret, ne le répétez à personne). »

– Travaillez-vous en écoutant de la musique ? Si oui, quelle musique écoutez-vous en ce moment ?

« Je n’écoute pas de musique, j’écoute sur You Tube, plutôt, des vidéos sur comment les autres perçoivent le monde en ce moment. J’ai tendance, il faut le reconnaître à bannir les plus alarmistes mais tout de même, ils peuvent êtres intéressants. »

– Comment avez-vous vécu le confinement de manière artistique ?

« Le confinement n’a pas eu d’impacts spécial sur moi, j’ai l’habitude de travailler seule dans mon atelier des jours durant. Il régnait tout de même une atmosphère de science-fiction. Par contre, je n’ai cessé de penser aux personnes dans les appartements, peut-être avec 3 enfants, Il faisait beau en Bretagne, nous avons profité de notre jardin mon mari et moi mais qu’en était-il de ces gens, terrifiés par une épidémie et enfermés dans les grandes villes ? »

– Qu’est-ce que l’art pour vous ?

« L’art pour moi, est une ouverture de soi vers un monde à explorer sans fin. C’est aussi une trace de la génération d’un artiste, c’est un présent qui s’incarne au travers d’une œuvre. C’est une histoire, un moment présent de l’artiste. On sait que tel ou tel artiste connu ou pas, à peut-être passé sa journée à créer cette œuvre, mais ce jour-là ? Qu’a-t-il mangé ? A-t-il dormi ? et où ? Peut-être que cet artiste était seul dans sa vie ? Etait-t-il très entouré et avec qui ? Que faisait-il lorsqu’il ne créait pas ? Aimait- il quelqu’un à ce moment précis de l’œuvre ? Pour moi c’est ça l’art, c’est une vie humaine exposée. C’est toutes les questions que je me pose, lorsque je suis dans un musée ou une exposition. L’homme dans tout ça ? ou la femme bien sûr ? »

– Quels sont vos projets artistiques futurs ?

« Mes projets artistiques, c’est, continuer à travailler et développer mon potentiel. Je veux passionner et fidéliser les acquéreurs et les galeristes qui me suivent. Explorer encore et encore mon univers, en vivre, et l’élargir tant par mes nouvelles créations que par leur destination au travers de la France et j’espère au-delà. »